Les tailleuses
(2023)
Malgré tout qu’est-ce qu’elles aimaient l’odeur des roses. Elle n’était pas égalable, et pourtant, les parfums n’ont jamais cessé de tenter de la reproduire: mais elle était toujours exacerbée, moins subtile et vibrante. Bien que le travail de taille était rude et les épines douloureuses (il fallait surélever légèrement les bras afin qu’elles ne se plantent pas dans le cou lors de la marche), il n’y avait pas plus beau qu’admirer le lever du soleil perchées en haut d’une tige en humant les senteurs du matin avant de se mettre à l’oeuvre. Les tailleuses aimaient peu leurs conditions de travail, cela ne voulait pas dire qu’elle ne l’aimait pas lui. De toutes façons elle ne savaient rien faire d’autre, et n’avaient pas l’énergie d’apprendre ailleurs. Leur manquerait aussi la liberté du plein air et surtout la solidarité du groupe dont la complicité était née des longues journées de partages comme de silences.